Alose feinte
DESCRIPTION
Le corps est comprimé latéralement ; une tâche noire est située au dessus du bord supérieur de l'opercule suivi de 4 à 8 tâches plus petites (pas toujours visibles). Le dos est vert-bleu, les flancs et le ventre sont blancs argentés. Il n'y a pas de ligne latérale.
La sous espèce Alosa fallax rhodanensis, forme particulière du bassin du Rhône, possède une grande tâche noire suivie de 4 ou 5 plus petites.
La mâchoire supérieure possède une encoche médiane développée; il n'y a pas de dents vomériennes ; on dénombre de 60 à 65 écailles latérales.
Taille : de 25 à 50 cm. Poids : jusqu'à 4 kgs.
BIOLOGIE
L'alose feinte vit prés des côtes. En mai-juin, les adultes se rassemblent dans les eaux littorales et remontent en eau douce pour frayer. La fraie a lieu la nuit par bandes en juin-juillet (de 75000 à 200000 oeufs par femelle). L'incubation dure environ 1 semaine, les alevins migrent ensuite vers la mer où ils effectuent leurs croissance. La reproduction est de type protandrique.
ORIGINE ET DISTRIBUTION DES ALOSES
- Bassin Seine-Normandie :
Au siècle dernier on prend régulièrement des aloses dans la Seine à Nogent/Seine, dans l'Yonne (au delà d'Auxerre) et la Côte d'or (Valenciennes, 1848 ; Ray, 1851; Moreau, 1881; Poplin, 1952). En 1887, sont construit sur la Seine en amont de Rouen les barrages de Poses et de Martot, infranchissables pour les aloses (Roule, 1920 Bertin, 1924 ; Leclerc, 1941), dés lors les prises subissent une très nette régression (1800 par nuit en 1880 sur la Seine durant la saison, et seulement 20 pour toute l'année 1897 (Gadeau de Kerville, 1897)
L'alose feinte remontant moins haut que la grande alose, elle est moins touchée dans ces remontées. Elle devient du reste plus abondante que celle-ci (Roule, 1920a). Devant la diminution des prises, les premiers alevinages de Feinte ont lieu en 1889 et permettent d'augmenter les pêches entre 1891 et 1894 (Leclerc, 1941). En 1961, elle ne fraye plus que dans l'estuaire de l'Eure tandis que la grande alose est devenue rare sur le bassin.
- Bassin Loire-Bretagne :
Jusqu'au 19ème siècle, les aloses sont pêchées sur la Vienne,
l'Allier, la Creuse, le Cher, la Mayenne, la Sarthe, l'Aron et sur la Loire où
existent de nombreuses frayères en amont de Roanne (Bernardeau, 1905 ; Roule,
1923 et 1925 ; Leclerc, 1941 Grégoire, 1983 ; Poitrineau, 1985). Ensuite, la
construction de différents ouvrages sur la Loire et ses affluents vont bloquer
considérablement la remontée des aloses. En 1952, selon Roy, elle ne fréquente
plus guère que la Loire où les nouveaux ouvrages ont encore limité son
extension.
Spillmann (1961) signale la grande alose dans l'Odet (Finistère)
et la feinte dans l'Aulne, la Vilaine, l'Odet, et l'estuaire de la Rance. le
barrage de Decize-St Léger des vignes constitue le point de blocage majeur des
migrations anadromes sur le cours supérieur de la loire (Baglinière et al,
1988), les adultes ont d'énormes difficultés à le franchir (Boisneau et M, 1989)
et il constitue, de fait, un site de reproduction forcée et non typique de la
grande alose (Boisneau et al, 1990).
- Bassin Adour-Garonne :
La raréfaction des Aloses y est relativement récente. Dans les années 50, elles fréquentent le Lot, le Tarn, la Dordogne, et la Garonne jusqu'à Toulouse (Boisset, 1948 ;Dottrens, 1951). Spillmann (1961) les signale aussi dans l'Adour jusqu'à la confluence des Gaves réunis.
La construction du barrage de Golfech en 1971 bloque la remontée des aloses sur la Garonne. La construction d'un ascenseur à poissons en 1989 devraient leur permettre de remonter maintenant plus en amont.
Actuellement les frayères sont situées à moins de 100 km de l'estuaire sur l'Adour (Boigontier, 1987), 160 km sur la Dordogne (Pustelnik, 1987) et 300 km sur la Garonne.
- Bassin Rhône :
Jusqu'au milieu du 20ème siècle les Aloses remontaient le Rhône jusqu'au canal de Savière (lac du Bourget), la Saône jusqu'à Auxonne et l'Isère jusqu'à Grenoble (Moreau, 1881; Blanchard, 1866 ; Gensoul, 1908 ; Boisset, 1948). En 1947, la construction du barrage de la Donzère va réduire considérablement l'aire de répartition de l'espèce (Gallois, 1947) : la régression des aloses va être très rapide, les pêches atteignaient 53 tonnes entre Arles et Pont-Saint-Esprit en 1927, et seulement 10 tonnes en 1950 (Cassous-leins, 1981).
Spillmann (1961) signale encore des frayères entre Beaucaire et Avignon et des captures dans l'Aude et l'Hérault, mais les aloses ne remontent plus guère au-delà de Lyon. En 1971 la construction du barrage de Beaucaire puis ensuite celle d'autres ouvrages limitera encore l'aire de remontée des aloses.
- Bassin du Rhin
Les aloses auraient disparus à la fin du 19ème siècle.
Les aloses sont susceptibles de bénéficier de mesures de protection prise dans le cadre d'un arrêté de biotope (arrêté du 8/12/88).