Chevaine

 

           

Description
Le genre Leuciscus (Cuvier, 1817) se caractérise par : des nageoires sans rayon dur et dentelé, une dorsale courte (8 à 14 rayons), une anale aussi longue que la dorsale (8 à 15 rayons) commençant en arrière de la base de la dorsale, pas de barbillons, des écailles en chevrons à l'avant de l'anus, une bouche terminale aux lèvres molles, des écailles bien visibles à l'oeil nu, une ligne latérale sans interruption. Trop hétérogène, il a été scindé en plusieurs genres et sous-genres par Bonaparte, 1841 (Rutilus, Idus, Telestes, Squalius). Le chevaine s'est vu attribuer le sous-genre Squalius. Le corps est fusiforme à section circulaire. La tête est large et fendue d'une grande bouche terminale. La nageoire caudale est faiblement échancrée. Toutes les autres nageoires présentent des bords libres arrondis. On peut distinguer plusieurs sous-espèces (9 en Europe et 2 en France). Le type Leuciscus cephalus cephalus occupe le Nord du pays, L. cephalus cabeda, au corps et à la tête plus comprimés latéralement, est répandu dans tout le sud-est. Le corps est argenté plutôt sombre. Le dos brun vert à reflets bleu contraste avec le ventre blanc. Les nageoires apparaissent sombres dans l'eau. De teinte rosée, elles se colorent en rouge à l'approche de la reproduction. Le mâle, plus petit que la femelle, porte des tubercules nuptiaux détectables au toucher sur les côtés de la tête, au-dessus des ouïes. Le polymorphisme et les risques de confusion rendent l'identification du chevaine difficile. On le distingue des espèces françaises voisines (vandoise, gardon) par la forme cylindrique du corps, le bord libre de la nageoire anale arrondi, une tête particulièrement large et de grandes écailles bien implantées aux bords circulaires soulignés de noir. Le reflet violacé des juvéniles in vivo et les écailles bien individualisées sont des auxiliaires de détermination importants pour les individus de l'année. La taille est généralement comprise entre 10 et 30 cm (LT). Certains individus atteignent 65 cm pour 4 kg. Diagnose : D III/7-9, A III/7-10, Pt I/14-17, Pv I-II/7-9, C 19. Formule scalaire : 42-49, 6-8/3-5. Vert.42-48. Dents pharyngiennes : 5-2 : 5-2.

Biologie - Écologie

Le chevaine occupe un large spectre d'habitats différents. Cela se remarque dans toute son aire de répartition. Il est présent en rivière depuis la zone à truite jusqu'à la zone à brème et les estuaires. Il se maintient également dans certains lacs et retenues alimentés par des cours d'eau offrant des possibilités de reproduction. Son préferendum se situe au niveau de la zone à ombre (remplacé par le blageon en région méditerranéenne) ou zone à barbeau supérieur. L'espèce est peu exigeante en matière de qualité de l'eau. La teneur en oxygène peut descendre en dessous de 6 mg/l avec des températures supérieures à 30 °C. Le pH peut s'abaisser au-dessous de 6 avec des conductivités inférieures à 20 µS/cm (cas des cours supérieurs en massifs granitiques). Une température moyenne mensuelle supérieure à 12 °C est nécessaire à la reproduction qui a lieu au printemps de mi-avril à mi-juin, lorsque la température de l'eau dépasse 15 °C. La maturité sexuelle est atteinte à 2 ans et plus pour les mâles, à partir de 3 ans pour les femelles (une faible croissance peut retarder cette maturité). Les reproducteurs se rassemblent en rivière à proximité d'un radier dans des groupes pouvant dépasser cent individus aux effectifs dominés par les mâles. Ils sont amenés à effectuer de véritables migrations avec retour vers des zones plus profondes hors saison de reproduction. Les oeufs, de 1,4 mm de diamètre avant immersion, brun jaune et collants, sont déposés sur le gravier par les femelles à raison de 57 000 oeufs/kg soit 40 000 oeufs pour une femelle de 35 cm. A 18 °C, l'éclosion a lieu après 3 jours. La résorption de la vésicule vitelline, au 16ème jour, déclenche la dissémination passive des alevins au crépuscule. Les juvéniles de l'année (4-9 cm) se tiennent en petits groupes proches de la surface de l'eau dans des zones peu profondes (45 cm) où la vitesse est en moyenne de 10 cm/s. Sur les berges des grands cours d'eau, ils se mélangent parfois aux grands bancs de gardons et de hotus. Ils se maintiennent en surface en se nourrissant principalement de nymphes ou d'adulte de chironomides pendant la journée. A 3 ans (16-21 cm), les adultes sont moins grégaires. Ils préfèrent les zones plus profondes (80 cm) à courant rapide (20 cm/s) en bordure de mouilles dans les petites rivières ou aux abords des chutes et des berges dans les grands cours d'eau. Totalement omnivores, ils consomment des insectes, des mollusques, des végétaux et même des poissons pour les individus de plus de 20 cm. Le caractère phytophage et piscivore s'accentue avec l'âge. A partir de ce stade, la mortalité annuelle dans une population non exploitée est de l'ordre de 33 %. La longévité est importante. Si les mâles ne dépassent pas l'âge de 9 ans, les femelles atteignent 13 ans voire plus. Dans certaines rivières dégradées, où l'espèce est la seule à pouvoir se maintenir, la densité peut être très importante (25 ind./100 m2 pour 30 kg/100 m2).Le chevaine peut s'hybrider avec la plupart des Cyprinidés sympatriques de même nombre de chromosomes que lui (2n = 50). La fertilité des hybrides n'est pas bien établie. Parfois présent avec le vairon au côté de la truite, il cohabite surtout avec les autres espèces de Cyprinidés rhéophiles telles la loche franche, le barbeau fluviatile voire des espèces plus limnophiles telles le gardon ou l'anguille. Peu apprécié pour sa chair, le chevaine est un poisson qui peut être intéressant pour la pêche sportive.

Distribution

Répartition du Chevaine au 31.01.97 (MNHN/IEGB-CSP)

Le chevaine est présent dans toute l'Europe à l'exception du Nord de la Scandinavie, de l'Ecosse, du Sud de l'Italie et de l'extrême ouest du continent (Irlande, Pays de Galles, Galice). Le type occupe tout le Nord de la péninsule européenne. Les sous-espèces se répartissent autour de la Méditerranée et de la Mer Noire où les populations sont d'implantation plus ancienne. Il est trouvé dans toute la France à l'exception de la Corse, du Finistère, du Nord et des Landes. Sa répartition ne semble pas avoir évolué depuis le Moyen Age.